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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/148

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VOYAGE

dont le cry reſſemble à celuy d’un Chat. Le troiſiéme eſt un Lézard. Quand on le frappe il ſe plaint comme un enfant qui pleure, & ſe mettant en colere, il dreſſe les écailles, dont il eſt tout hériſſé. Sa langue eſt bleuâtre & fort longue, & lorſqu’on l’approche on l’entend ſouffler avec beaucoup de violence. On y trouve auſſi un autre Lezard marqué de trois croix blanches, dont la morſure n’eſt pas ſi dangereuſe que celle du premier.

De tout ce que je viens de dire, on voit aſſez que cette partie de l’Afrique n’eſt pas moins peuplée, moins riche ny moins fertile en toutes ſortes de fruits & d’animaux, que les autres déja découvertes, quoy qu’on l’ait négligée ſi long-tems. Les peuples qui l’habitent ne ſont ny cruels ny farouches, & ils ne manquent ny de docilité ny d’eſprit. On le reconnoît mieux chaque jour par le commerce que les Hollandois entretiennent avec eux.

Le malheur de ces peuples idoâcres, & le peu d’espérance qu’on a de les convertir.

Mais leur grand malheur, & qu’on ne ſçauroit aſſez déplorer, c’eſt que tant de nations ſi nombreuses n’ont nulle connoiſſance du vray Dieu, & que perſonne ne ſe met en état de les inſtruire. On va à la vérité dans toutes leurs terres, & on les viſite chez eux juſques dans leurs