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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/232

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VOYAGE

& adroits, ils font tout valoir à Batavia, & ſans leur ſecours il ſeroit difficile d’y vivre commodément. Ils cultivent les Terres, il n’y a guéres d’autres Artiſans qu’eux ; en un mot ils font presque tout. Il y en a de fort riches ; on nous dit qu’il en étoit mort un depuis peu qui avoit laiſſé un million d’argent monnoyé.

Ayant ſçû d’un Soldat Catholique, que ces Peuples avoient leur Temple & leurs Sepulchres à une demie lieuë de Batavia dans les Terres, nous le priâmes de nous y mener pour voir leurs cérémonies. Dans cette promenade nous vîmes à loiſir les avenuës de la Ville. Ce ſont des allées à perte de vûë, d’une largeur extraordinaire. Elles ſont bordées des deux cotez de certains Bois toûjours verds beaucoup plus droits & du moins auſſi élevez que nos plus grands Bois de haute Fûtaye, ornées de maiſons de plaiſance & de jardins bien entretenus, qui appartiennent aux principaux Bourgeois. En ſortant de Batavia nous trouvâmes trois ou quatre de ces allées qui aboutiſſoient toutes à la porte principale par laquelle nous étions ſortis, nous prîmes celle du milieu, qui nous devoit conduire à nôtre terme. Si les autres portes qui regardent la Campagne ont