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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/269

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DE SIAM. Livre III.

les yeux, on ne voyoit que Porcelaines fines de toutes grandeurs, placées dans des niches ; enfin tout y étoit frais & agréable.

M. Conſtance fait bâtir des appartemens pour loger les Jéſuites à Siam.

Aprés y avoir demeuré quelque tems, nous prîmes congé de Monſieur Conſtance pour nous retirer dans nôtre maiſon, où nous trouvâmes le Pere Suarez qui nous attendoit. Il nous receut avec toutes les marques d’une joye extraordinaire, & n’oublia rien pour nous régaler autant que la pauvreté le pouvoit permettre. C’eſt un Jéſuite Portugais, âgé de soixante & dix ans, il en a paſſé plus de trente dans les Indes, où il s’est acquis par son zéle & par sa capacité l’eſtime & l’amitié de tous ceux qui le connoiſſent. Il nous mena d’abord voir les logemens que le Seigneur Conſtance nous faiſoit préparer. On nous bâtiſſoit dans la Rivière ſur des pilotis ſix petites chambres pour nous loger, & une galerie pour mettre nos inſtrumens ; prés de cent ouvriers y étoient occupez avec deux Mandarins qui les preſſaient jour & nuit. Sans cette augmentation le Pere Suarez n’eut pas pû nous recevoir chez luy ; il n’avoit qu’une chambre & un cabinet, tous deux ſi pauvres & ſi mal fermez, que les Toquets, qui ſont des Lézards fort veni-