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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/284

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VOYAGE

chinchine ne venoient qu’en rampant à l’eſcalier de la Salle, & qu’ils paroiſſoient proſternez devant le Roy. Mais Monſieur l’Ambaſſadeur tint ferme, & ajoûta qu’il ne pouvoit aller à l’audiance qu’à cette condition ; que pour accommoder les choſes il conſentiroit que ſes Gentilshommes ne fuſſent pas debout en preſence du Roy. Qu’ils entreroient dans la Sale avant que Sa Majesté y parût, & qu’ils ſeroient aſſis sur les tapis quand il paroîtroit ſur ſon Trône. Ce Miniſtre jugeoit ces propoſitions raiſonnables. Mais comme il connoiſſoit la délicateſſe du Roy là-deſſus, il pria Monſieur l’Ambaſſadeur de luy donner le tems d’en parler à ſa Majeſté ; ſurquoy aprés une longue conférence ils ſe ſéparerent pleins d’eſtime & d’amitié l’un pour l’autre. Monsieur Conſtance ménagea ſi bien cette affaire, que le Roy accorda à Monſieur l’Ambaſſadeur tout ce qu’il demandoit ; ainſi on ne penſa plus qu’à achever les préparatifs de l’entrée.

Les Nations différentes qui ſont à Siam vont complimenter M. l’Ambaſſadeur.

Deux jours aprés, toutes les nations de l’Orient, qui demeurent à Siam, voulurent marquer chacune en particulier la haute eſtime qu’elles avoient conçûës du Roy de France. Il y en eût juſques à quarante-trois de divers Païs des Indes qui se joignirent en-