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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/295

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DE SIAM. Livre IV.

Trône du Roy s’ouvrit & il parut deſſus. Mais on ne le voyoit que juſques à la ceinture, le reſte étoit caché par le rebord de la feneſtre. Tous les Mandarins Proſternez ſe leverent ſur les genoux, & ayant les mains jointes pardeſſus leurs reſtes firent de profondes inclinations & frapperent la terre du front. Le Roy avoit une Thiare toute brillante de pierreries. C’eſt un grand bonnet terminé en pyramide, environné de trois cercles d’or à quelque diſtance l’un de l’autre. Il avoit aux doigts beaucoup de gros diamans qui jettoient un grand éclat ; ſa Veſte étoit rouge à fond d’or, & pardeſſus il avoit une gaze d’or dont les boutons étoient de gros diamans ; tout cela joint à un air vif, plein de feu & toûjours riant, luy donnoit beaucoup de grace & de majeſté.

M. l’Ambaſſadeur entre dans la Salle d’Audience.

Monſieur l’Ambaſſadeur ne fut pas plûtôt averty par le ſon des inſtrumens que le Roy étoit arrivé, qu’il entra dans la Salle ſuivy de Monſieur l’Abbé de Choiſi & du Seigneur Conſtance. Quand il eut avancé quatre pas, regardant le Roy comme s’il l’eût appercû pour la premiere fois, il fit une profonde révérence, il en fit une ſeconde au milieu de la Salle, & une troiſiéme lors qu’il fut auprés du ſiege qu’on luy

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