table dreſſée de vingt-quatre couverts avec deux Buffets garnis de très beaux Vaſes d’or & d’argentdu Japon, & pluſieurs caſſolettes où le bois précieux d’Aquila n’étoit pas épargné.
L’audiance étant finie, on ſe mit à table & on y fut prés de quatre heures. On y ſervit plus de cent cinquante baſſins & une infinité de ragoûts, ſans parler des confitures, dont on fait ordinairement deux ſervices. On y but de cinq ou ſix ſortes de vins. Tout y fut magnifique & délicat, le Roy voulut que les plus grands de ſon Royaume ſervisſſent les François ce jour-là, pour honorer davantage Monsieur l’Ambaſſadeur & rendre ce régal plus agréable.
Environ ce tems-là on commença à examiner le procédé qu’avoient tenu les deux Mandarins que le Barcalon avoit envoyez en France avec Monſieur Vachet. Les plaintes qu’on avoit faites d’eux, étoient venuës juſqu’aux oreilles du Roy, qui avoit été choqué de leur conduite. Monsieur l’Ambaſſadeur parla en leur faveur. Le plus vieux en a été quitte pour un mois de priſon & pour quelque autre punition. On ne ſçait pas encore quel ſera le châtiment de l’autre, mais il eſt certain que ſans une si puiſſante interceſſion, il luy en eût coûté la tête.
Le Roy traite magnifiquement dans ſon Palais M. l’Ambaſſadeur.
