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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/312

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VOYAGE

lais où le Seigneur Conſtance l’attendoit. Aprés avoir traverſé huit ou neuf cours on parvint enfin à la Pagode la plus riche & la plus célébre du Royaume. Elle eſt couverte de Calin, qui eſt une eſpéce de métail fort blanc, entre l’étain & le plomb, avec trois toits l’un ſur l’autre, Il y a à la porte une vache d’un côté & de l’autre un monſtre extrémement hideux. Cette Pagode eſt aſſez longue, mais fort étroite, & quand on y eſt entré on ne voit que de l’or. Les piliers, les murailles, le lambris, & toutes les figures sont ſi bien dorées, qu’il ſemble que tout ſoit couvert de lames d’or. L’édifice eſt aſſez ſemblable à nos Egliſes, il eſt ſoûtenu de gros piliers. On y trouve en avançant une maniere d’Autel ſur lequel il y a trois ou quatre Figures d’or masſſif à peu prés de la hauteur d’un homme, dont les unes ſont debout & les autres aſſiſes, les jambes croiſées à la Siamoiſe. Au delà eſt un eſpéce de chœur où ſe garde la plus riche & la plus précieuſe Pagode ou Idole du Royaume, car on donne ce nom indifféremment au Temple & à l’Idole qui eſt dedans. Cette ſtatue eſt debout & touche de sa tête juſques à la couverture. Elle a environ quarante-cinq pieds de hauteur & ſept ou huit de largeur. Ce