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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/353

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DE SIAM. Livre V.

ſouvent enſemble des entretiens particuliers. Le lendemain je l’allay voir, ſelon l’ordre qu’il m’en avoit donné avant nôtre ſéparation. Je le trouvay occupé à préparer des preſens pour les perſonnes qui avoient le plus de part à la faveur que le Roy nous avoit fait, de nous envoyer à la Chine ; & nous faiſant approcher pour les voir, voila bien peu de choſe, nous dit-il, pour d’auſſi grands Seigneurs. Mais vous leurs direz, mon Pere, que je n’en ay été averti que fort tard, & aprés avoir donné tout ce que j’avois de plus beau & de plus curieux. Car ſans les preſens qu’il envoyoit en France, & ceux qu’il avoit donné aux François qui étoient à Siam, il en avoit encore envoyé de conſidérables en Portugal, par les trois Ambaſſadeurs que le Roy de Siam avoit fait partir pour Liſbone, quelque tems avant que nous arrivaſſions. Auſſi, ajoûta-t-il, ce n’eſt pas un préſent que je leur veüille faire comme de moy, mais en qualité d’un de vos freres, pour les remercier de la bonté qu’ils ont pour vous & de la protection dont ils vous honorent. Nous ne pûmes répondre à des ſentimens ſi obligeans que par de tres-humbles actions de graces ; mais il ne nous écoûta pas là-deſſus, il nous interrompit en nous conjurant de ne luy plus parler