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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/376

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VOYAGE

conſidérer que par cette action elle couronnera tout ce qu’elle a fait de grand & d’illuſtre durant ſon regne, qu’elle éterniſera ſa mémoire, & ſe procurera une gloire & un bonheur immortel dans l’autre vie.

Ah, Sire, je conjure Votre Majeſté de ne pas renvoyer l’Ambaſſadeur d’un ſi grand Roy avec ce mécontentement, il vous demande cela de la part du Roy son Maître, pour établir & rendre inviolables vos alliances & vos amitiez Royales ; au moins ſi vôtre Majeſté a conceu quelque bonne penſée de prendre ce parti, ou ſi elle y ſent la moindre inclination qu’elle le faſſe connoître. C’eſt la plus agréable nouvelle qu’il puiſſe porter au Roy ſon Maître. Que ſi Vôtre Majesté a réſolu de ne ſe rendre pas à tout ce que j’ay eu l’honneur de luy repréſenter, ou qu’elle ne puiſſe pas donner une réponſe favorable au Seigneur Ambaſſadeur, je la ſupplie de me diſpenser de porter ſa Royale réponſe, qui ne peut qu’eſtre déſagreable au vray Dieu que j’adore. Elle ne doit point trouver étrange que je luy parle de la ſorte ; quiconque n’eſt pas fidele à ſon Dieu ne le peut être à ſon Prince, & Vôtre Majesté ne devroit pas me faire l’honneur de me ſouffrir à ſon ſervice, ſi j’avois d’autres ſentimens.