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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/382

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VOYAGE

trémement fort & d’une grande conſequence. Je suis ſûr qu’il ne pourra s’empêcher d’eſtre ſurpris de la haute ſageſſe & de la merveilleuſe penétration de votre Majeſté.

Il me ſemble néanmoins qu’il pourra luy répliquer, qu’il eſt vray que tous les eſtres que Dieu a crées le glorifient chacun à ſa maniere ; mais qu’il y a cette différence entre l’homme & les bêtes, que Dieu en créant celles-cy, leur a donné des proprietez différentes, & des inſtincts particuiers, pour connoître leur bien & le chercher ſans aucune réfléxion, pour diſcerner leur mal & le fuir ſans aucun raiſonnement. Ainsi le Cerf fuit le Lion & le Tigre la prémiere fois qu’il les voit, les Poulets sortant de la coque craignent le Milan, & ſe réfugient ſous l’aîle de leurs meres, ſans autre inſtruction que celle qu’ils ont receûë de la nature. Mais Dieu a donné à l’homme dans ſa création l’entendement & la raiſon, pour déméler le bien d’avec le mal, & la Providence divine a voulu qu’en cherchant & aimant le bien qui luy eſt propre, & fuiant le mal qui luy eſt contraire, par rapport à ſa fin derniere qui eſt de connoître Dieu & de l’aimer, l’homme méritât de la divine bonté une récompenſe éternelle.

En effet, il est aussi aiſé à l’homme de se ser-

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