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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/400

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VOYAGE

je ne fiſſe auſſi en particulier tout ce que je pourrois pour ménager cette affaire. En même tems le grand Chambellan me préſenta ſur un grand baſſin d’or, devant ſa Majesté, deux fort beaux Crucifix. Le Chriſt étoit d’or maſſif, la Croix de tambag, qui eſt compoſé d’un mélange de ſept parties d’or, & de trois autres parties d’un métail auſſi précieux que l’or même, le pied étoit d’argent. Sa Majeſté me dit que le plus grand étoit deſtiné pour le Pere de la Chaize Confeſſeur du Roy, dont il connoiſſoit le mérite, & la fidélité au ſervice du Roy ſon Maître, par le portrait que luy en avoit fait le Seigneur Conſtance. Alors il ſe mit à loüer le zele & le déſintéreſſement de ſon Miniſtre, qu’il nommoit toûjours nôtre frere, nous diſant qu’il en avoit reçû de très-ſignalez ſervices dans toutes les occaſions qui s’étoient préſentées. Aprés quoy Sa Majeſté m’ordonna de dire au Pere Confeſſeur, en luy préſentant de ſa part le Crucifix, qu’il ne pouvoit luy rendre un ſervice plus agréable ny plus utile à ſon Etat, qu’en obtenant du Roy douze Mathématiciens ; que je les pouvois aſſûrer qu’avant leur arrivée ils trouveroient à Louvo une obſervatoire, une maiſon & une Egliſe auſſi bien qu’à Siam. Il donna ordre en même tems au Seigneur Conſtance de les