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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/406

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VOYAGE

MOn tres-Reverend Pere,

Je ne puis expliquer à vôtre tres-Révérende Paternité la joye que j’ay reſſentie cette année, dont vous ne trouverez pas mauvais que je vous raconte les ſujets en détail. Le premier a eſté l’arrivée en cette cour de l’Ambaſſadeur de sa Majeſté tres-Chrétienne, qui m’a fait naître l’occaſion que j’avois deſirée avec tant de paſſion, de rendre à ce grand Prince en la perſonne de ſon Ambaſſadeur tous les ſervices dont je suis capable. Le second a eſté les grandes & pieuſes affaires, que cet Ambaſſadeur eſt venu ménager icy ; & enfin la venue de ſix de mes freres, que le Roy tres-Chrêtien a envoyez en ces quartiers pour un ſi noble deſſein. Ces entrepriſes dignes d’un ſi grand Monarque ont ravi en admiration tous les Princes d’Orient, & leur ont donné un deſir ardent de rechercher l’amitié d’un Roy ſi ſage & ſi généreux. Mais le Roy mon Maître a reſſenti toutes ces choſes plus que tous les autres Princes des Indes. Quoy qu’avant toutes ces marques mutuelles d’amitié, le Roy mon Maître eût conçû une haute eſtime & une amitié particuliere pour Sa Majeſté tres-

Chrêtienne,