Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
VOYAGE

noiſſances fauſſes ou incertaines. C’eſt le ſage avis que me donna ce Miniſtre durant tout le tems que j’eus l’honneur d’être auprés de luy, me faiſant entendre que certaines gens avoient fourni des Mémoires peu ſeurs de bien des choſes. Ainſi je ne parleray pas de tout ce qui s’eſt paſſé au Tunquin & à la Cochinchine, parce que de trois perſonnes qui y ont vécu pluſieurs années, & que je croirois chacun en particulier par tout ailleurs, à peine deux ſe ſont accordez ſur une infinité de points, dont on leur a demandé compte. Car pour ce qui eſt des Orientaux, tout le monde ſçait qu’ils diſent les choſes, non pas comme elles ſont en effet, mais comme ils ſoupçonnent qu’on ſouhaiteroit qu’elles fuſſent. C’eſt pourquoy ils ſe soucient peu de ſe contredire ſur les faits qu’ils ont avancez, pourvû qu’ils s’accommodent aux inclinations de celuy qui les interroge, de ſorte que ſi on les ſurprend dans quelque contradiction, ils ne s’embaraſſent pas qu’on la leur faſſe remarquer. Ce qui vous plaiſoit hier, diſent-ils froidement, vous déplaît aujourd’huy, c’eſt ce qui nous fait parler aujourd’huy autrement que nous ne parlions hier. Je ne m’étendray pas tant sur ce qui regarde les coûtumes & le gouvernement des Siamois, que