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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/454

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VOYAGE

caché, & à la faveur de la lumiere qu’il répand, un homme icy bas sur la terre pouroit, pour me ſervir de leur expreſſion, voir un grain de ſenevé qu’on auroit placé au plus haut des Cieux.

En quoy conſiſte ſon bonheur.

Le bonheur de ce Dieu n’eſt accomply que lorſqu’il meurt pour ne plus renaître : car alors il ne paroît plus ſur la terre, & ainſi il n’eſt plus ſujet à aucune miſère. Ils comparent cette mort à un flambeau éteint ou au ſommeil qui nous rend inſenſibles aux maux de la vie, avec cette différence, que Dieu en mourant en eſt exempt pour toûjours, au lieu qu’un homme endormy n’en eſt exempt que pour un tems.

Ce regne de chaque divinité ne dure pas éternellement, il est fixé à un certain nombre d’années, c’eſt-à-dire, juſqu’à ce que le nombre des Elûs qui doivent ſe ſanctifier par ſes mérites ſoit remply ; aprés quoy il ne paroît plus au monde & tombe dans un repos éternel qu’on avoit crû un véritable anéantiſſement faute de les bien entendre. Alors un autre Dieu luy ſuccède & gouverne l’Univers en ſa place, ce qui n’eſt autre choſe que d’apprendre aux hommes la vraye Religion.

Les hõmes peuvent devenir Dieux.

Les hommes peuvent devenir Dieux, mais ce n’eſt qu’aprés un tems fort conſidé-