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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/464

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VOYAGE

leſuels retirez dans d’affreuſes ſolitudes, & dans d’épaiſſes forets menent une vie tres-ſainte & très-auſtère. Ces ſolitaires ont au rapport de leurs Livres, une parfaite connoiſſance des ſecrets les plus cachez de la nature. Ils ſçavent faire l’or, l’argent, & les métaux les plus précieux. Il n’est point de miracle ſi étonnant qui ſoit au deſſus de leurs forces. Ils prennent toutes les figures qu’ils veulent, ils s’élevent en l’air, & ſe trouvent en un inſtant où il leur plaît. Mais quoy que ces hommes extraordinaires puiſſent ſe rendre immortels, parce qu’ils ſçavent le moyen de ſe prolonger la vie, ils la ſacrifient cependant à Dieu de mille ans en mille ans, en ſe conſumant eux-mêmes ſur un bûcher, à la réſerve d’un ſeul qui reſte pour réſuſciter les autres par la vertu de ſes charmes. Il n’eſt pas moins dangereux que difficile, de trouver ces Hermites miraculeux, on court riſque de la vie quand on les rencontre. On apprend néanmoins dans les Livres des Talapoins, le chemin qu’il faut tenir, & les moyens dont on doit ſe ſervir, pour parvenir aux lieux où ils ſont.

Leur créance fut l’éternité du monde.

Ils eſtiment que le Ciel & la terre ſont incréez & éternels, & ne comprennent pas que le monde ait jamais commencé ny qu’il puiſſe jamais finir. Ils veulent