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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/474

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VOYAGE

toute moüillée des eaux, qu’il verſoit au commencement de ſes bonnes actions. De là eſt venuë la coûtume ſuperſtitieuſe des Siamois de verſer de l’eau au commencement de leurs bonnes œuvres, dont nous avons déja parlé pluſieurs fois, & que les Siamois obſervent religieuſement depuis ce temps-là. Enfin elle les exhorta à luy rendre les adorations qu’il méritoit ; mais les trouvant endurcis & obſtinez à ne point écouter ces remontrances, elle preſſa ses cheveux moüillez & en fit ſortir une Mer immenſe, où ils furent tous ſubmergez.

Rêveries que les talapoins débitent de Sommonokhodom

On trouve encore écrit dans les Livres Sommonokhodom que depuis le temps qu’il aſpira à devenir Dieu, il étoit revenu au monde cinq cens cinquante fois ſous différentes figures ; que dans chaque renaiſſance, il avoit toûjours eſté le prémier, & comme le Prince de ceux d’entre les animaux ſous la figure deſquels il naiſſoit ; que ſouvent il avoit donné ſa vie pour ſes ſujets, & qu’étant Singe, il avoit délivré une Ville d’un monſtre horrible qui la déſoloit ; qu’il avoit été un très puissant Roy, & que ſept jours avant que d’obtenir le ſouverain Domaine de l’Univers, il s’étoit retiré à l’imitation d’un certain Anachorète avec ſa femme & ſes deux enfans dans des ſolitudes

écartées,