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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/57

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DE SIAM. Livre I.

juſques à ce que le Marſoüin affoibly par la perte de ſon ſang, ſe laiſſoit tirer ſans aucune reſiſtance & enlever dans le bord. Nous en prîmes pluſieurs de cette maniere. Ils avoient quatre ou cinq pieds de long & étoient gros à proportion. Cet animal reſſemble fort à un cochon, non ſeulement pour la chair & le lard, mais encore pour la figure du dedans & du dehors, la chair n’eſt pas délicate & ſent un peu l’huile.

Le Marſoüin a le ſang chaud.

Dans cette occaſion il fut aiſé de détromper pluſieurs perſonnes qui n’ayant jamais vû de Marſoüins ne pouvoient se perſuader qu’il euſſent le sang chaud ny qu’ils puſſent reſpirer, quoy qu’ils l’euſſent quelquefois oüy dire à ceux qui ſavoient expérimenté : il y en eût parmy ceux-là qui eurent la curioſité de porter la main dans les entrailles du poiſſon quand on luy eût fendu le ventre ; & ils aſſurérent qu’il l’avoit preſque auſſi chaud que le cochon. Ils ne doutèrent plus auſſi qu’il ne reſpirât quand ils virent ſes poulmons auſſi propres à la reſpiration que ceux des animaux qui vivent hors de l’eau. Auſſi la nature ne luy a point donné d’oüies, comme aux autres poiſſons. Mais ſeulement deux trous aux deux côtez de la tête pour

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