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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/62

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VOYAGE

s’en veulent éloigner il faut qu’ils ſe mettent hors de la portée de ſa dent, autrement il ne leur feroit pas meilleur quartier qu’aux autres poiſſons. J’en ay vû quelque fois se mettre en devoir de les attraper, & bien en prenoit aux Succets de ſe réfugier au plûtôt dans leur azyle ordinaire. Quand on les a enlevez avec le Requin, on a peine à les en ſéparer ; ſi on les met ſur une table ils s’y tiennent collez comme ſur le Chien de Mer ; & dans cette ſituation qui leur est naturelle, ils ont les oüyes à l’envers & le ventre en haut, comme on le peut voir dans la Carte du Cap. Il y en a de deux eſpéces, de blancs qui ont à peu prés la figure & la groſſeur d’un Rouget, & de noirs qui ſont fort petits : c’eſt de ces derniers dont j’ay principalement parlé.

La Bonite perſécute le poiſſon volant.

Nous trouvâmes encore dans ces endroits quantité de Bonites, les ennemies implacables des poiſſons volans, à qui elles donnent continuellement la chaſſe. C’est le meilleur poiſſon que nous ayons pris dans tout le voyage. Il est de la grosseur de nos plus grosses Carpes, mais beaucoup plus épais, ſans écailles, avec une peau argentée & le dos marqué de longues rayes obſcures & dorées. Nous prîmes auſſi des Albucors ou des Albacors, que les Portugais nom-