Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
DE SIAM. Livre II.

prévoyance des Officiers & la diligence de l’Equipage à exécuter leurs ordres, nous ne laiſſions pas d’être en grand danger de toucher contre cette roche par la rapidité du courant ou de la marée qui nous emportoit ; & on n’étoit pas à demi-lieuë de ce briſant, lorſque tout à coup il s’éleva un vent de terre qui nous obligea de remorquer à nôtre tour la Chaloupe & nous mit bien-tôt hors d’intrigue. Nous y perdîmes pourtant deux Huniers (ce ſont deux voiles médiocres) que la violence du vent enfonça. Comme nous fûmes obligez de louvoyer tout le jour dans la Paſſe[1] avec de grandes fatigues ; c’eſt-à-dire, de faire pluſieurs bordées tantôt d’un côté & tantôt d’un autre ; nous ne pûmes attraper le moüillage qu’au commencement de la nuit. Encore fallut-il le lendemain relever l’ancre pour s’approcher du Fort & ſe mettre ſous les montagnes à l’abry des vents d’Oüeſt extrémement violens & qui regnent en cet endroit durant l’hyver, où nous eſtions alors.

Nos Vaiſſeaux moüillérent au milieu de quatre Navires Hollandois.

Nous moüillâmes donc le lendemain à cent cinquante pas du Fort. Il y avoit quatre gros Vaiſſeaux à la rade du Cap venus de Hollande depuis un mois, quoy qu’ils fuſſent partis

  1. La Paſſe c’eſt un petit détroit formé par deux terres qui s’avancent.