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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/166

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La mort enleva cette année deux hommes d’un grand nom, Asinius Saloninus et Atéius Capito. Petit-fils de M. Agrippa et d’Asinius Pollio, Saloninus était de plus frère de Drusus, et l’empereur lui destinait une de ses petites-filles. Capito, dont j’ai parlé déjà45, s’était placé par ses vastes connaissances au rang des premiers citoyens. Du reste il avait pour aïeul un centurion de Sylla, et pour père un simple préteur. Auguste l’éleva de bonne heure au consulat, afin que l’éclat de cette dignité lui donnât la prééminence sur Antistius Labéo, son rival dans la science des lois. Car le même siècle vit briller ces deux ornements de la paix : mais Labéo, d’une liberté inflexible, avait une renommée plus populaire ; Capito, habile courtisan, était plus avant dans la faveur du maître. L’un ne parvint qu’à la préture, et cette injustice accrut sa considération ; l’autre fut consul, et l’opinion jalouse s’en vengea par la haine.

45. Voy. chap. LXX.

Des rancuniers

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Ce fut cette même année, la soixante-quatrième après la bataille de Philippes46, que Junie, sœur de Brutus, veuve de Cassius et nièce de Caton, finit sa carrière. Son testament fut le sujet de mille entretiens, parce que, étant fort riche, et mentionnant honorablement dans ses legs presque tous les grands de Rome, elle avait omis l’empereur. Tibère prit cet oubli en citoyen, et n’empêcha pas que l’éloge fût prononcé à la tribune, que la pompe accoutumée décorât les funérailles. On y porta les images de vingt familles illustres : les Manlius, les Quintius y parurent, avec une foule de Romains d’une égale noblesse ; mais Cassius et Brutus, qui n’y furent pas vus, les effaçaient tous par leur absence même.

46. La bataille de Philippes eut lieu l’an de Rome 712.


Fin du Livre III