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MŒURS
DES GERMAINS.




I. La Germanie est séparée des Gaules, de la Rhétie et de la Pannonie[1] par le Rhin et le Danube, des Sarmates et des Daces[2] par une crainte mutuelle ou des chaînes de montagnes. Le reste est environné de l’Océan, dont les rivages forment de grandes sinuosités, et qui enferme des îles spacieuses[3], séjour nouvellement découvert de nations et de rois que la guerre nous a révélés. Le Rhin, tombant d’un sommet rapide et inaccessible des Alpes rhétiques, fait un léger détour vers l’occident, puis va se mêler à l’océan Septentrional. Le Danube, versé par la pente doucement inclinée du mont Abnoba[4], visite un plus grand nombre de peuples, et se décharge enfin par six bouches dans la mer du Pont : un septième bras se perd dans des marais.

  1. La Rhétie s’étendait depuis les sources du Danube jusqu’à l’Inn, et comprenait ainsi une partie du Wurtemberg et toute la Bavière méridionale. La Pannonie, aussi sur la rive droite du Danube, répond en partie à l’Autriche et à la Hongrie actuelles. La Germanie s’étendait donc moins au midi que l’Allemagne moderne, puisqu’elle s’arrêtait au Danube ; mais elle s’avançait beaucoup plus vers le nord, puisque Tacite y comprend la Scandinavie et plusieurs pays à l’est de la Baltique.
  2. Les Daces, peuple de la famille des Thraces, habitaient au nord du Danube et à l’orient de la Germanie, dont ils étaient séparés par une branche des monts Karpates. Au nord des Daces étaient les Sarmates, nation slave, qui s’étendait, d’un côté, le long de la Vistule, jusqu’à la mer Baltique ; de l’autre, jusqu’au Tanaïs et au Volga, occupant ainsi la Pologne et une partie de la Russie.
  3. Les îles du Danemark et toute la Scandinavie, qui, mal connue alors, passait pour une île.
  4. Cette montagne, appelée encore aujourd’hui Abenauer Gebirge, fait partie de la forêt Noire.