Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/156

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descriptions : la meilleure se trouve dans le Voyage dans l’île de Rugen, de M. Zollner. On montre dans cette forêt l’endroit où se trouvait le temple. Cet endroit est entouré d’une élévation en terre. Tout près de là se voit le lac que l’on nomme le lac noir, où l’on noyait des hommes pendant la célébration du culte. Les gens du pays disent que ce lac trouve encore tous les ans une victime humaine ; les bons habitans de cette contrée croient par conséquent que le diable y avait des autels. Albert Schwarz, professeur à Greisfwalde, qui a publié, il y a une quarantaine d’années, un ouvrage sur la géographie ancienne de l’Allemagne du nord, a aussi émis l’opinion, fondée sur la ressemblance d’une tradition populaire avec la description de Tacite, que cette île de Rugen est l’insula Oceani de l’écrivain romain. Les personnes qui ont vu les lieux en ont acquis la conviction. J’ai remarqué que cette opinion est aussi reçue en France ; il en est question dans la traduction de Tacite de M. Dotteville, tom. I, pag. 434 de la quatrième édition ; on y examine et on y réfute les objections contre cette opinion. Les Rugiens habitèrent, outre l’île qui porte encore leur nom, une grande partie de la terre-ferme qui s’étendait jusque dans l’Autriche. Cette île a cinq lieues de longueur sur quatre de largeur ; elle se trouve sur la côte de la Poméranie, vers Stralsund.

On n’entreprend point de guerres. La trêve du seigneur fut établie en 1041, sous Henri I : c’était une loi qui défendait les combats particuliers depuis le mercredi au soir jusqu’au lundi matin, pour le respect que l’on doit à ces jours, que Jésus-Christ a consacrés par les derniers mystères de sa vie. L’autorité royale et ecclésiastique n’en pouvaient pas faire davantage alors pour empêcher les sujets de se détruire. (Hist. de France du prés. Hénault, pag. 106.) — On convint d’une trêve de quatre jours : rien n’était alors plus religieusement observé que ces sortes de trêves ; toute animosité paraissait suspendue, et les chevaliers des deux partis, passant librement d’un camp à l’autre, ne combattaient plus ensemble que de courtoisie. (Roman de Guérin de Monglave.) — Dans les états où les guerres ne se font pas par une délibération commune, et où les lois ne se sont laissé aucun moyen de les terminer ou de les prévenir, la religion établit des temps de paix ou de trêves, pour que le peuple puisse faire les choses sans les-