Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/223

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cache pour se soustraire à la fureur des troupes ; humilié et dégradé, il ne retrouva qu’un pouvoir précaire ; comme si l’armée eût stipulé pour la licence, et le général pour son salut : cette sédition ne fit point couler de sang. Vettius Bolanus, les guerres civiles durant encore, n’apporta pas à la Bretagne plus de discipline : même inertie envers l’ennemi, semblable désordre dans le camp ; si ce n’est que Bolanus, homme pur et qui ne s’était rendu odieux par aucun crime, se concilia l’affection à défaut de respect.

XVII. Mais dès qu’avec le reste du monde la Bretagne eut reconnu Vespasien, de grands généraux, d’excellentes armées parurent ; les espérances des ennemis diminuèrent, et aussitôt Petilius Cerialis les frappa de terreur en attaquant la cité des Brigantes, qui passe pour la plus populeuse de toute la Bretagne : il livra beaucoup de combats, et quelquefois de très sanglants : la victoire ou la guerre enchaîna la plus grande partie de cette cité. Et lorsque Cerialis eût dû accabler par ses services et sa renommée son successeur, Julius Frontinus en soutint le fardeau : grand homme autant qu’on pouvait l’être alors, il subjugua, par les armes, la nation vaillante et belliqueuse des Silures, après avoir, outre la valeur des ennemis, triomphé des difficultés des lieux.

XVIII. Tel fut l’état de la Bretagne, telles furent les chances de guerre que trouva Agricola, qui s’y rendit vers le milieu de l’été, alors que les soldats, comme oubliant l’expédition, se livraient à la sécurité, et que les ennemis attendaient une occasion. Les Ordoviques, peu avant son arrivée, avaient massacré