Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/311

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tions, s’attacher des provinces, il abandonne la profession qui, plus qu’aucune autre dans notre ville, assure les plus utiles produits, la plus ample considération, la plus belle renommée dans Rome, et, dans tout l’empire et chez toutes les nations. la réputation la plus illustre que l’on puisse imaginer. En effet, si c’est vers notre intérêt personnel que doivent tendre nos plans et nos actions, qu’y aura-t-il de plus sûr que d’exercer cet art par lequel, toujours sous les armes, on peut à son gré porter secours à l’amitié, appui à l’étranger, assistance aux malheureux en péril, crainte et terreur à l’envie et à l’inimitié, en restant soi-même à l’abri et comme protégé par une force et un pouvoir continuels ? La puissance et l’utilité de cet art, si la fortune t’est prospère, se révèlent par les appuis et la protection que tu prêtes à autrui : si tu es en péril toi-même, non, grands dieux, ni cuirasse ni épée ne t’offriraient sur le champ de bataille un plus ferme secours qu’au barreau l’éloquence, arme qui préserve et qui blesse ; également propre à la défense et à l’attaque, dans le palais, au sénat, devant le prince. Et, naguère, qu’opposa donc aux sénateurs irrités Eprius Marcellus ? son éloquence : armé de ses traits, et menaçant, il échappa au sage Helvidius, disert sans doute, mais inexpérimenté et peu fait à ce genre de combats. Je n’en dirai pas plus sur l’utilité de l’art oratoire, et je ne pense pas que mon cher Maternus me contredise en ce point.

VI. Je passe aux charmes de l’éloquence oratoire,