Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/33

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qui déjà pliaient et allaient succomber, et que des femmes ont ralliées par leur fermeté et par leurs prières : elles les arrêtèrent en leur présentant leurs poitrines et en leur faisant envisager la captivité qui les menaçait, et qu’ils redoutent plus vivement pour leurs épouses que pour eux-mêmes ; aussi, afin de mieux nous assurer de la foi de leurs cités, nous exigeons plusieurs de leurs filles nobles parmi les otages. Ils croient même qu’il est dans ce sexe quelque chose de sacré et de prophétique ; ils n’en dédaignent point les avis, et en acceptent les prédictions. Nous avons vu, sous l’empereur Vespasien, Véléda honorée par la plupart de ces peuples comme un être divin ; ils ont aussi jadis porté une grande vénération à Aurinia et à quelques autres femmes ; mais ce culte était sans adulation, et non pas adressé à des déesses créées par eux-mêmes.

IX. De tous leurs dieux, celui qu’ils honorent le plus est Mercure, et ils ne craignent pas, à certains jours, de lui immoler des victimes humaines. Ils apaisent Hercule et Mars par des offrandes d’animaux : une partie des Sèves sacrifie aussi à Isis. D’où vient ce culte étranger ? je l’ignore : mais peut-être la statue même de la déesse, figurée en forme de vaisseau, indique-t-elle que cette religion fut transportée chez eux. Du reste, ils pensent que, par respect pour la majesté des dieux, on ne doit ni les enfermer entre des murs, ni les représenter sous aucune espèce de forme humaine ; ils consacrent des bois et des forêts entières, et donnent des noms de divinités à ces profondeurs mystérieuses, où ils adorent ce que leurs yeux ne voient pas.

X. Quant aux auspices et à la divination, ils s’y mon-