Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/333

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XIV. A peine Maternus avait-il fini, encore plein de son enthousiasme, et, pour ainsi dire, de son inspiration, Vipstanus Messalla entra dans la chambre et soupçonna, à l’air attentif de chacun, que la conversation était des plus relevées : Ne suis-je point venu mal-à-propos, dit-il, interrompre une conférence secrète où l’on inédite sur une cause ? Point du tout, dit Secundus, et même je voudrais que tu fusses intervenu plus tôt : tu aurais eu plaisir au discours si élégant de notre cher Aper, qui exhortait Maternus à ne plus employer ses études et son talent qu’à défendre des causes, autant qu’au discours de Maternus, qui protège ses vers chéris, comme il convient de parler de la poésie, avec énergie et en termes plus poétiques qu’oratoires. Pour moi, dit Messalla, ce qui me charme le plus, c’est de voir des hommes pleins de vertus et les orateurs de nos temps ne pas exercer leurs talens seulement aux affaires du barreau et au genre déclamatoire, mais y joindre aussi des débats qui nourrissent l’esprit et offrent les plus douces jouissances de l’érudition et des belles-lettres, tant pour vous, qui discutez, que pour ceux qui peuvent vous entendre. Aussi, grands dieux ! je vois, Secundus, qu’on ne t’approuve pas moins d’avoir, par ta Vie de Julius Asiaticus, donné l’espoir que tu composeras plusieurs livres de ce genre, qu’on n’approuve Aper de n’avoir pas renoncé aux controverses de l’école, et de préférer employer ses loisirs comme nos rhéteurs modernes et non comme les anciens orateurs.