Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/359

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d’appeler anciens des orateurs qui, comme il est constant, ont vécu cent ans avant nous. Or, pour moi, point de querelle sur l’expression : soit anciens, soit ancêtres, qu’il les appelle du nom qu’il voudra, pourvu que l’on accorde la supériorité de l’éloquence de ces temps. Je me rends aussi à cette partie de son discours où il déclare qu’il a existé plusieurs formes oratoires dans les mêmes siècles, pour ne pas dire en des siècles différens. Mais comme parmi les orateurs antiques le premier rang est donné à Démosthène, les secondes places à Eschine, à Hypéride, à Lysias et à Lycurgue, et que, d’un avis unanime, cette époque des orateurs est celle qui est le plus approuvée ; de même chez nous Cicéron, sans nul doute, a dépassé les plus habiles de son temps ; puis Calvus, Asinius, César, Célius et Brutus, sont placés, à bon droit, au dessus de leurs devanciers et de leurs successeurs : et peu importe qu’ils diffèrent dans l’espèce, puisque le genre est le même. Calvus est plus serré, Asinius plus nombreux, César plus brillant, Célius plus amer, Brutus plus grave, Cicéron plus vigoureux, plus plein et plus puissant. Tous cependant ont également une saine éloquence ; et si vous prenez à la fois leurs ouvrages, vous découvrez en ces génies divers une certaine similitude de jugement et de principes, et comme une parenté. Car, s’ils se sont déchirés les uns les autres, si dans leurs lettres il s’est glissé une malignité réciproque qui se trahit, n’accusons pas l’art oratoire, mais l’humanité. En effet, ni Calvus, ni Asinius, ni Cicéron lui-même, 11e furent, je crois, exempts d’envie, de rivalités et des autres vices de l’infirmité humaine. Un seul entre eux, Brutus, sans malignité et sans haine, mais simplement et ingénument, me semble avoir mis