Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/37

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XI. Les chefs délibèrent sur les affaires peu importantes, la nation entière sur les grandes ; toutefois les affaires même dont la décision appartient au peuple sont d’abord discutées par les chefs. Ils s’assemblent, à moins de cas fortuits et soudains, à des jours déterminés, lorsque la lune est nouvelle, ou lorsqu’elle est dans son plein ; car, pour traiter les affaires, ils croient ces époques du plus heureux augure. Ils ne comptent point comme nous par jours, mais par le nombre des nuits : c’est ainsi qu’ils fixent les dates et les transactions ; chez eux, c’est la nuit qui semble amener le jour. L’un des inconvéniens de leur liberté est qu’ils n’arrivent point à la fois, comme s’ils craignaient de paraître obéir ; deux et trois jours sont perdus par leur lenteur à se réunir. Dès que l’assemblée paraît assez nombreuse, ils prennent place tout armés. Le silence est d’abord commandé par les pontifes, qui alors ont le droit de maintenir l’ordre : puis le roi ou le chef de la cité, suivant son âge, sa noblesse, l’éclat de ses exploits, son éloquence, se fait écouter plutôt par l’ascendant de la persuasion que par la puissance du commandement. Si la proposition déplaît, ils la rejettent par des murmures ; si elle est agréée, ils agitent leurs framées : applaudir avec les armes est leur plus honorable témoignage d’assentiment.

XII. On peut aussi porter, devant ces assemblées les accusations et les affaires criminelles. La peine varie suivant le délit ; les traîtres et les transfuges sont pendus à des arbres ; les lâches, les poltrons, les infâmes prostitués sont plongés dans la fange d’un bourbier ; une claie est jetée par dessus. Montrer les crimes subissant leur supplice, mais ensevelir à jamais les infamies, est le but de cette diversité de peines. Quant aux délits plus