Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/375

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général : pour les émouvoir, on fera quelque emprunt aux péripatéticiens. Ils nous donneront des armes disposées et préparées pour toute discussion : empruntons à l’Académie la polémique, à Platon l’élévation, à Xénophon la grâce, à Épicure même et à Métrodore quelques sentences convenables ; user de tous, quand la cause le demande, ne sera point interdit à l’orateur ; car nous ne formons pas un sage ni une cité de stoïciens, mais celui qui, sans approfondir seulement quelques sciences, doit puiser à toutes : aussi les anciens orateurs étudiaient d’abord toute la science du droit civil, puis prenaient une teinture des belles-lettres, de la musique et de la géométrie. Car, dans la plupart des causes, pour ne pas dire dans toutes, la science du droit est indispensable ; mais, dans la plupart aussi, ces autres connaissances peuvent être réclamées.

XXXII. Et qu’on ne me dise pas qu’il suffit, au moment utile, de s’instruire de quelque objet isolé et spécial ; car, d’abord, l’emploi de ce qui nous est propre est tout autre que celui des choses empruntées. Différence est grande, d’user de ce qu’on possède ou de ce qui est prêté. Ensuite la réunion de beaucoup de talens enrichit la parole, même lorsqu’on s’occupe d’autres objets ; et, où on le croirait le moins, ils la font briller et exceller. Et cela est senti non-seulement par un auditeur réfléchi et éclairé, mais même par le peuple. Aussitôt les louanges éclatent et proclament que vous avez fait toutes les études convenables, que vous avez parcouru tous les degrés de l’éloquence, et qu’enfin vous êtes un orateur. Selon moi,