Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/43

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le passent à la chasse, mais plus souvent dans l’oisiveté, s’abandonnant au sommeil ou aux excès de table. Les plus vaillans, les plus belliqueux, devenus inactifs et laissant les soins de la maison, des pénates et des champs aux femmes, aux vieillards, aux êtres les plus faibles de la famille, semblent frappés d’engourdissement : étrange contradiction de caractère ! les mêmes hommes se plaire dans l’inertie, et haïr le repos. Les cités ont l’usage de fournir spontanément et par tête à leurs ducs du bétail et des grains. Ces dons, reçus comme honneur, sont des subsides pour leurs besoins : ils se glorifient surtout des présens des nations voisines, qui leur sont offerts par des particuliers, ou au nom même des cités : ce sont des chevaux de choix, des armes proportionnées à leur grande stature, des housses et des colliers : déjà aussi nous leur avons appris à recevoir de l’argent.

XVI. Il est assez connu que les peuples germains n’habitent point de villes, et qu’ils ne souffrent pas même que leurs demeures soient contiguës entre elles. Ils vivent isolés et dispersés aux lieux où une fontaine, une prairie, un bois les a charmés. Ils forment leurs villages, non pas à notre manière, par des maisons réunies et jointes entre elles ; chacun entoure son habitation d’un certain espace, soit pour se préserver des communications d’un incendie, soit par ignorance de l’art de construire. Ils ne font usage ni des cimens ni des tuiles : leurs matériaux sont toujours bruts : rien n’est donné à la décoration ni à l’agrément. Quelques parties seulement sont enduites avec plus de soin d’une terre si pure et si brillante, qu’on la dirait peinte et nuancée de couleurs. Us ont aussi coutume de se creuser des cavernes souterraines, qu’ils couvrent de monceaux