milieu même des ennemis : rarement ils sont armés de fer, mais le plus souvent de bâtons. Ils cultivent le blé et les autres productions de la terre avec plus de soins qu’on n’en attendrait de la paresse habituelle des Germains. Ils fouillent même la mer, et, seuls de tous ces peuples, ils recueillent, au milieu des bas-fonds, et sur le rivage, le suecin, qu’ils nomment gless. Sa nature, la manière dont il se produit, n’ont été, chez des barbares , l’objet d’aucune recherche, d’aucune découverte ; long-temps même il resta confondu au milieu de tout ce que rejette la mer, jusqu’à ce que notre luxe lui eût donné une réputation. Il n’est d’aucun usage pour eux ; ils le recueillent brut, nous l’apportent sans le préparer, et s’étonnent du prix qu’ils en reçoivent. On doit croire cependant qu’il est le suc de quelques arbres, parce qu’on aperçoit, au travers, des insectes terrestres, et quelquefois même des insectes ailés : embarrassés d’abord dans cette matière lorsqu’elle est fluide, ils y restent enfermés lorsqu’elle est durcie. Je penserais donc que, pareilles à ces régions secrètes de l’Orient, dont les plantes distillent l’encens et les parfums, les îles et les contrées de l’Occident produisent des forêts et des arbres d’une trop vive fécondité, qui, s’échauffant aux payons voisins du soleil, laissent couler dans la mer qu’ils bordent ces espèces de sucs, poussés ensuite par les vents vers les rives opposées. Si, pour reconnaître la nature du succin, vous rapprochez du feu, il s’allume comme un flambeau, et produit une flamme huileuse odoriférante ; puis il s’amollit comme de la poix ou de la résine. Après les Suiones viennent immédiatement les Sitones, qui leur ressemblent en tout, excepté qu’ils ont une femme pour souveraine, tant ils ont dé-
