Page:Tagore - La Jeune Lune.djvu/14

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« L’Esprit immortel qui préside à notre foyer t’a choyé dans son sein de tout temps.

« Dans l’adolescence, quand mon cœur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais, comme un parfum flottant.

« Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.

« Toi, le chéri du ciel, toi dont la sœur jumelle fut la lumière du premier matin, tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon cœur.

« Tandis que je contemple ton visage, la vague du mystère me submerge : toi qui appartiens à tous, tu m’as été donné !

« De crainte que tu ne m’échappes, je te tiens serré sur mon cœur. Quelle magie a donc livré le trésor du monde à mes bras frêles ? »