Page:Tailhade - À travers les grouins, 1899.djvu/160

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langes d’abord, puis de nouveaux Mélanges, dont un éditeur posthume fera, seul, paraître les derniers.

Fils d’un proscrit, M. Paul Deschanel vint au monde (en 1856, l’adolescent !) pour y tenir l’emploi de fils à son père. Ce père, brave homme, dit-on, mais le plus inepte qui soit, rabâcha toute sa vie d’effroyables sornettes. Les collégiens lisent encore son Histoire de l’amour dans l’antiquité, heureux d’apprendre que la sodomie n’est point un apanage exclusif de Jean Lorrain et de Pierre Loti.

Paul Deschanel fut un des cent mille jeunes gens qui, sous couleur d’études libérales, se destinent au pouvoir. Tout d’abord il exerça la verve à ras du sol qu’il tient de la nature, une faconde bête de calicot fashionable, dans ce qu’il convient de nommer l’autopédagogie gouvernementale.

« Être médiocre avec éclat » : le mot des Goncourt semble la devise toute faite de cette catégorie d’ambitieux. La plupart, sortis de maisons ultra-bourgeoises, apportent dans le maniement des élégances l’air agréable de cet émigré, vu par Chateaubriand, qui s’était fait maître à danser chez les Iroquois. M Deschanel a étudié la rhétorique parlementaire. Il ne sait même que cela, car