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Page:Tailhade - Au pays du mufle, 1891.djvu/18

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Qui pourrait dire, en effet, jusqu’où va l’ironie de Laurent Tailhade ? Peut-être quelquefois jusqu’à la parodie d’une école qui s’enorgueillit justement de ce vrai et beau poète. Pourquoi pas, puisque, dans Virgo fellatrix, lui-même s’est hautement raillé, imitant une de ces pièces d’inspiration catholique où se complaît souvent sa latinité dans les fumées d’encens que traverse une lumière de vitrail. On peut tout redouter de cet héroïque pince-sans-rire. Mais quel lettré sincère ne pardonnerait beaucoup à ce merveilleux artiste, à ce vrai poète de notre race, dont les vers solides et de pur métal, à la fois sonore et précieux, sonneront bien longtemps après que se seront éteintes les justes colères qu’ils auront soulevées.


Armand Silvestre.
28 Février 1891.