Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/29

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Banville disparu, toute une horde obscure s’évertuait aux rimes riches, aux vocables hiératiques et bombinateurs. Elle eût consenti à se faire amputer de la main droite... que dis-je ? à perdre ses droits civils et politiques, plutôt que de faillir à la consonne d’appui.

Sully-Prudhomme enclavait sa timidité dans des rêves philosophiques et moraux qu’on eût dit élaborés, pendant les averses d’équinoxe, dans une cave obscure, par un homme très enrhumé.

Mais l’archaïsme triomphait. Ce n’étaient que bons dieux de bois, paysages tropicaux, rimes riches et couleurs criardes. Jean Lahor, éminent vétérinaire de Pégase qui nomma le Néant son premier recueil de vers, proférant ce jour-là un aveu méritoire, en ce qu’il précisait la teneur du volume et dispensait de lire plus avant.

Après les buccins de Victor Hugo, après le gong du Parnasse, la voix pure et douloureuse de Verlaine émut délicieusement. Ces douces larmes fondirent, comme dit Veuillot, « les glaces et les graisses », dédorèrent les