Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/113

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plus prononcés, les plus originaux de son talent, et qui en fait la physionomie constante, c’est sa belle manière de peindre large, facile, ferme et moelleuse en même temps, et l’une des plus séduisantes. Il a bien mieux peint les femmes que les hommes ; il a donné à leurs mains, à leurs cheveux une beauté tout-à-fait neuve ; il leur a donné des caractères de tête aimables et beaux ; personne mieux que lui n’a peint leur puissante douceur, ce calme de la sensibilité qui touche quelquefois autant que la plus vive émotion ; c’est pour cela que, bien que le Guide soit en général foible d’expression, il arrive souvent au cœur.

Un de ses plus beaux tableaux, est celui de l’Enlèvement de Déjanire, dont nous venons de parler ; la noblesse de la Déjanire, la vérité, l’expression du Centaure, la beauté de la couleur, celle de l’exécution, tout concourt à faire de cet ouvrage, l’un des chefs-d’œuvres de la peinture ; il est du nombre de ces tableaux rares, faits pour enrichir les palais des plus puissans souverains ; on peut le mettre au rang de ces heureuses productions dont les beautés ont une unité si parfaite, qu’on n’imagine pas qu’un autre artiste eût