Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/148

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du palais du Louvre ; j’en prends à témoin, dans le Massacre des Innocens, ces mères infortunées, terribles par leur désespoir, arrachant de tendres victimes aux bras sanglans de leurs assassins. Dans ses têtes de Vierge, quelle modestie ! quelle candeur et quelle dignité en même temps ! Lui seul a su joindre la physionomie auguste de la Divinité aux traits attendrissans de la pureté virginale.

Il réunit à la sensibilité, au naturel, au charme de Racine, la force et l’élévation de Corneille ; il s’élève à toutes les hauteurs, il prend tous les tons avec une telle facilité, avec une telle supériorité, qu’on diroit que chaque style est le seul où il excelle : soit qu’il nous transporte au milieu de l’assemblée imposante des philosophes d’Athènes, ou sur le sommet du Thabor aux pieds d’un Dieu rayonnant de lumière ; soit qu’il peigne l’Éternel séparant les élémens, ou de simples pêcheurs renversant les Dieux de l’univers ; ou qu’il fasse apparoître des esprits célestes chassant Héliodore du temple de Jérusalem ; soit qu’il peigne Jupiter irrité, ou qu’il l’offre à nos yeux caressant le fils de Vénus ; soit qu’il nous présente le dieu farouche des enfers, ou l’Amour et les Grâces et leur mère, ou sa jeune