Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/161

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dans toutes les connoissances humaines, les progrès sont très-lents pour arriver à un certain point ; mais que de ce degré à leur plus haute élévation, le passage est toujours très-rapide : de Jean Bellin à Titien son élève, quelle immense distance !

Ce qui distingue particulièrement le coloris du Titien, est la façon savante avec laquelle il a su tirer parti des couleurs locales pour produire de l’effet, sans emprunter le secours des grandes masses d’ombre. L’éclat de ses lumières vient presque toujours de l’opposition des teintes pures et vigoureuses ; c’est ce qui donne à ses tableaux tant de richesse de tons, tant de force et si peu de noir. Ses ouvrages ont toujours été le but des études des coloristes : les jeunes étudians ne sauroient trop les approfondir ; c’est là qu’ils verront que les beautés de l’art sont toutes dans la nature, et que dans la couleur comme dans le dessin, le beau, à qui mal à propos on a donné le nom insignifiant d’idéal, n’est autre chose que la plus exacte imitation dirigée par le choix, et placée à propos.

Le plus grand nombre des ouvrages du Titien est à Venise ; nous en possédons, cependant, assez à Paris pour bien connoître