Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/165

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de biens et d’honneurs, il peignit François Ier., le pape Paul III, les princes, les seigneurs les plus distingués de son temps, les plus renommés capitaines, l’Arioste, l’Arétin, et presque toutes les personnes célèbres de ce siècle si fécond en hommes de génie. On eût dit que les grandeurs et les talens avoient besoin d’être recommandés à la postérité par le Titien, et qu’elle eût douté d’une renommée où ses pinceaux fameux n’eussent pas mis le sceau.

Quoique les grâces ne soient pas ce qui le caractérise, il les a cependant senties, et même dans une manière très-originale ; il a quelquefois peint des femmes avec des formes très-aimables, qui, soutenues par la vérité et le charme d’une belle couleur, souvent n’ont fait peut-être que trop d’impression sur les sens. On pourroit presque assurer qu’aucun peintre ne se distingua comme lui dans autant de genres et dans autant de parties de son art. Long-temps on l’a regardé comme celui qui avoit le mieux peint le paysage ; mais alors Claude le Lorrain, le Poussin et d’autres n’avoient pas fait connoître tant de chefs-d’œuvres de ce genre. On ne peut cependant disconvenir que jamais on n’a fait, dans les