ordinaire, a-t-il une physionomie bien originale. Il entend mieux le clair-obscur d’une partie que celui du tout ensemble. On peut en juger par son tableau de Sainte Pétronille, apporté d’Italie par nos armées victorieuses, toujours regardé comme son plus important et son plus bel ouvrage, et qui a été peint à Rome pour l’église de Saint Pierre. Ce tableau, vu de près, est admirable par la beauté des détails, par la chaleur avec laquelle ils sont exécutés, par la force de la couleur autant que par la fermeté du pinceau. De loin on n’y voit que des taches blanches, semées sans ordre dans de grandes masses de brun ; et le public, à qui l’on n’a pas dit que c’étoit un bel ouvrage, ne s’en doute point du tout : il pourroit même demander, avec raison, « si c’est un effet de jour, ou un effet de nuit, un ciel ouvert, ou l’intérieur ténébreux d’un tombeau ? » En général, le Guerchin a peint la nature éclairée comme elle l’est dans une cave ; il la disposoit pour avoir des ombres bien décidées, et pour donner à ses lumières plus de magie et de saillie. Ces moyens ne sont point blâmables dans les scènes qui se passent entre des murailles ; en les employant on obtient presque toujours
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