Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/197

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gencer les draperies ; il est peu fidèle au costume, et même à la vérité : on auroit bien de la peine à rendre compte de la forme des vêtemens de ses figures, à dire de quelle étoffe ils sont ; mais leur disposition a toujours de l’abondance, et une originalité bizarre, inspirante, et que les peintres aiment beaucoup. Une des choses encore qui caractérisent la plupart de ses compositions, est l’habitude qu’il avoit de placer sur le devant quelques débris d’architecture, toujours des formes rondes en opposition avec des carrés : a-t-il trop de lignes droites ? le fût d’une colonne vient à son secours : veut-il faire courber, asseoir une figure pour varier avec celles qui sont debout ? soudain un fragment de mur, un heureux piédestal sortent de la terre à son commandement. Il tire de la variété de ces formes un parti très-pittoresque ; mais outre que cette répétition fatigue, elle ôte l’illusion en ôtant la vraisemblance.

Bourdon a fait aussi de très-beaux paysages dont les sites poétiques inspirent toujours un vif intérêt : très-differens de ceux du Poussin, ils ont avec eux de la ressemblance par le style héroïque. Ils ont plus de singularité, moins de grandeur et moins de vérité, de raison et de