Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sexe : l’anatomie d’une plante n’est point affreuse et repoussante comme doit l’être celle de l’homme pour leur délicatesse ; comme dans l’étude du paysage, elles ne sont point obligées à faire de longs voyages, elles n’ont point à redouter l’intempérie des saisons, ni les dangers des bois solitaires : enfermées avec leurs modèles, elles n’inquiètent point leurs mères, n’alarment pas la tendresse jalouse de leurs époux, n’ont point à craindre les piéges que leur tend la nature, et elles ne donnent pas à l’envie et à la médisance des armes pour les attaquer ; d’ailleurs, puisqu’on se peint dans ses ouvrages, qui peut mieux que les femmes rendre les grâces, l’éclat et le charme des fleurs !

Si la peinture ne devoit pas sa naissance à l’amour, elle la devroit aux fleurs : eh ! qui peut, en effet, les voir se balancer mollement sur leurs tiges, qui peut bien sentir l’harmonie de leurs teintes brillantes et la grâce de leurs formes, sans désirer de pouvoir les peindre ? la nature ne les forme que dans sa joie : quelle âme tendre les voit jamais sans émotion ! elles rappellent mille souvenirs chers ; images de la fragilité de tout ce qui brille, elles mêlent au plaisir qu’elles nous font une