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miers jours qu’il est descendu sur la terre ; les peintures douces et nobles qu’il nous en a laissées, sont les images des premières amours des hommes.


CLAUDE LE LORRAIN.


Claude le Lorrain est un de ces phénomènes dont on connoît peu d’exemples, et qui prouvent que des êtres obscurs eussent été des génies du premier ordre, si les occasions les avoient mis à leur place. Cet homme extraordinaire peut à peine être un mauvais pâtissier ; le hasard l’entraîne à Rome ; le hasard le fait domestique chez un peintre médiocre, qui lui donne quelques leçons de perspective, afin qu’il puisse l’aider dans son travail. Claude le Lorrain a d’abord beaucoup de peine et point de goût ; son maître l’excite par l’attrait du gain ; ce nouvel espoir l’encourage, il fait de nouveaux efforts, et le voile épais étendu sur son esprit est déchiré : il lit dans la nature ses secrets les plus cachés, il passe les journées entières dans les campagnes, il les dessine, il les peint, il les apprend par cœur ;