Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/247

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sonnables. Le Dominiquin fut, de son vivant, moins estimé que Lanfranc ; M. de Piles n’a pas craint de faire entendre qu’il étoit moins né peintre que ce dernier, et qu’il l’étoit devenu en dépit de Minerve. Quelle injustice, quel faux raisonnement ! fit-on jamais quelque chose d’extraordinaire en dépit d’elle ; et malgré elle et la nature pouvoit-on être un des plus célèbres peintres du monde ? Les pensées nobles et vraies, l’expression, l’imitation, la puissance si rare d’émouvoir et de toucher ne sont-elles pas des parties de la peinture, et des parties bien plus essentielles que la hardiesse et la facilité de l’exécution ? Or, le Dominiquin les possédoit bien plus que Lanfranc ; il étoit donc aussi né peintre, et né bien plus grand peintre. Il falloit dire seulement que Lanfranc avoit excellé dans une partie pour laquelle la nature l’avoit mieux organisé que le Dominiquin : au surplus, la postérité venge tous les jours le peintre touchant et vrai de Saint Jérôme mourant ; et les opinions sont bien changées.

Quoique le talent de Lanfranc fut plus propre aux plafonds qu’aux tableaux de moyenne dimension, il en a fait cependant de beaux dans cette proportion ; on en conserve plu-