Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/252

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tableau n’est pas du Dominiquin, et qu’il a trouvé dans celui d’Augustin Carrache l’ensemble, les groupes et même les données de beaucoup de détails : mais il en a tiré un si grand parti ; son tableau est si fort au-dessus de celui de Carrache, qu’on lui pardonne aisément un larcin, source de tant de gloire, et qui a donné tant de jouissances aux amateurs des beaux-arts. Le Martyre de Saint André, peint à Saint Grégoire à Rome, prouve bien qu’il pouvait seul enfanter aussi une belle composition ; cet ouvrage, dont les savantes parties sont l’objet continuel des études de tous les élèves de l’Europe, est d’une ordonnance admirable ; la disposition générale en est conçue avec autant d’ordre et de grandeur, que de vérité et de simplicité.

Son tableau du Martyre de Sainte Agnès, est peut-être celui dans lequel on distingue le mieux et son grand talent, et son originalité. Cet ouvrage déconcerte toutes les règles de l’art. D’après les principes généralement reçus, il est mal composé : ce ciel ouvert, cette cour céleste, ces anges faisant de la musique, exactement placés au-dessus de l’objet principal, doivent distraire et l’esprit et les yeux ; ces femmes d’une expression