Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/264

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qui prête à la couleur et à l’effet. Il a réuni l’avantage très-rare de bien peindre et les grâces et la force ; ses grâces ont d’autant plus de pouvoir, qu’il est joint à celui de la beauté de la couleur. L’énergie et la vigueur des hommes sont parfaitement rendues dans ses tableaux ; et les femmes y conservent tout le charme de leur sexe. Il a bien donné aux fleuves, aux divinités terribles cette force surnaturelle avec laquelle l’imagination les présente : il l’a donnée par la forme, et par la vigueur et la poésie du coloris. L’extrême promptitude d’exécution tant vantée dans les ouvrages du Tintoret, et dans ceux de Luca Giordano, Rubens l’a possédée au suprême degré, mais il l’a mieux employée. Telle qu’une lave ardente, la vie se répand dans ses tableaux, et son génie semble y créer la nature avec la rapidité de la foudre : on est ému de l’enthousiasme qui les a produits ; et c’est avec justice qu’on a dit de lui qu’il sembloit envoyé du ciel pour apprendre aux hommes l’art de peindre.

Loin, loin des temples des beaux-arts, ces froids critiques qui n’approchent des ouvrages de Rubens qu’avec la règle et le compas ; qu’ils sachent, ces esprits glacés, que le caractère