Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrages distingués par une physionomie très-originale. On sait bien que depuis le siècle de Louis XIV, quelques artistes ont eu un caractère distinct et nouveau : on sait aussi que ce ne fut qu’aux dépens de toute espèce de vérité.

Jouvenet n’excite plus cet enthousiasme qu’il a long-temps fait naître dans l’École Française ; mais il est toujours estimé, admiré des véritables connoisseurs, et toujours il aura une place très-distinguée parmi nos grands artistes. Il réunit beaucoup de parties de la peinture, n’est foible dans aucune, et est original dans toutes. Ses ouvrages ont une verve, un mouvement, une énergie, soit dans la pensée, soit dans l’exécution, qui en font le principal caractère ; il est aussi distingué par une façon de peindre facile et trop prononcée ; il indiquoit trop carrément les ombres et les demi-teintes ; ses figures ressemblent quelquefois à ces hardies et savantes ébauches de sculpteur, produites par un sentiment brûlant, qui n’est refroidi par aucune fatigue, et que souvent on préfère à des productions beaucoup plus finies. Son dessin n’est pas bien noble, il n’est pas d’une recherche scrupuleuse pour le choix des for-