Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/286

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nieux que lui ; les scènes qui se passent dans les airs, qui en traversent la vaporeuse immensité, il les a rendues avec autant de vigueur que de légèreté ; et ces tons aériens et si vigoureux font le caractère distinctif de son talent.

Son génie ne paroissoit avec toute sa force, que lorsque planant dans les nues, il perçoit les voûtes des temples, et ouvroit les portes du ciel ; lorsqu’il transportoit le spectateur au milieu de la cour céleste, et qu’il offroit à ses regards, ces nuages d’or, ces trônes de feu, ces palais d’émeraudes et de saphirs, ces torrens de lumière, tant de fois et si facilement peints par les poëtes ; lorsqu’il montroit à ses yeux les anges, les archanges, les prophètes, toute la hiérarchie sacrée ; ces vierges, ces martyrs rayonnans de gloire, et cette foule d’esprits bienheureux, goûtant en présence du Très-Haut les pures voluptés de l’éternelle béatitude : on oseroit même assurer que les plus fameux artistes étrangers n’ont pas senti, aussi-bien que la Fosse, l’espèce d’harmonie et de poésie de couleur qui convient particulièrement à cette espèce de productions : ils ont élevé dans les airs des corps terrestres, des masses pesan-