Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/49

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doivent avoir, celle des héros galans, des hommes de plaisir, celle des comédiens, des musiciens, des danseurs, et de tous ceux qui passent leur vie à s’amuser en amusant les autres, de tous ceux dont les études ne se font guère dans des cabinets retirés, à la clarté des lampes solitaires ; mais dans des lieux éclairés de cent bougies, au milieu d’un peuple nombreux, et au bruit tumultueux des battemens de mains.

Qui a peint comme lui ces assemblées charmantes, dans lesquelles les deux sexes s’attaquent avec tout ce qui peut briller aux yeux ; où tout, jusqu’à l’esprit, jusqu’au sentiment même a un air de toilette, où le ridicule est le seul vice, l’art de plaire la seule vertu ?

Il a donné aux différens costumes de son temps, aux habits de fête, de bal et de théâtre, toute la grâce dont ils étoient susceptibles. Ces vêtemens, presque toujours de soie, et qu’il a peints d’après nature, ont beaucoup contribué à donner à ses tableaux de l’éclat et de l’harmonie : il a surtout bien saisi l’esprit des hommes qui les portoient, leur gaieté de comédie, leur finesse recherchée, leur sensibilité de masque ; se revêtant d’habits de bal, ils prenoient aussi une âme de bal ; c’est cette âme que Wateau