Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/52

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plaisir, dans ces pèlerinages poétiques, ceux que l’on faisoit jadis vers quelque Saint en crédit, et qui n’étoient souvent que des voyages à Cythère.

Le mérite de Wateau fut connu et admiré dès ses plus jeunes ans, et il avoit une réputation faite dans l’âge où les autres commencent à travailler à l’acquérir : cet avantage dut contribuer à donner à son talent, l’espèce de physionomie qui le distingue ; l’heureuse et ardente jeunesse l’a inspiré, et elle a imprimé sur tout ce qu’il a fait son charme, sa chaleur et son entraînante gaieté. L’amour préside à la plupart de ses tableaux, lui-même en a donné les sujets, il les compose et les anime : ce n’est pas ce roi mélancolique qui n’accorde que l’espérance pour prix des plus constantes flammes, ce tyran que l’ennui, le trouble, les soupçons, les alarmes accompagnent toujours, et que suivent souvent les regrets, les remords et le désespoir ; c’est un enfant aimable, qu’environnent les Ris, qui danse avec les Grâces, qu’accompagnent sans cesse les Plaisirs et la Volupté, et que suivent aussi quelquefois les Regrets.

Après avoir fait beaucoup d’ouvrages, épuisé par son génie et par les plaisirs qu’il avoit